Nox & Khartika

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Une fine silhouette se découpait dans la lumière des deux battants de la lourde porte. Nox plissa les yeux car la lumière le surprit alors qu’il était depuis un moment dans le petit salon sombre. Un éclair d’agacement illumina le regard du Seigneur Feu-Glacé.

- PERE ?

Nox entendit une seconde fois cette voix féminine, sensuelle et assurée. Il distinguait maintenant mieux la jeune elfe qui parlait, ou plutôt criait au pas de la porte. Une chevelure de braise rougeoyante, fines rondeurs à peine voilées par de la soie pourpre et dorée. La jeune fille était belle et savait le mettre en valeur. Nox tiqua, curieux.

- Je suis ici ma chérie. Je parlais affaire !

Appuyant avec irritation les mots « chérie » et « affaire », le Magus s’approcha de l’intruse et lui pris la main. La petite grimace furtive qui déforma la bouche pulpeuse de la jeune elfe quelques seconde apprit à Nox qu’il lui avait sans doute broyé la main pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas sa place ici. Il la guida pourtant vers son invité. Père et fille arboraient le même sourire enjôleur qu’ils devaient composer l’un comme l’autre depuis leur plus tendre enfance. L’éducation sociale des nobles songea Nox. Même sans les qualités d’observation de Nox, on pouvait tout de suite le lien de parenté entre le Magus et la jeune elfe. Même regard décidé, même habitude d’être le centre d’intérêt, même beauté. Nox ne pouvait détacher son regard de la fille de son hôte et cela allait bientôt se voir.

- Mon jeune ami, voici ma fille unique, ma seule famille à ce jour, Khartika. Ma fille, ce jeune homme est Noxsylvavis Cendre-Sang, un possible associer.
- Bien le bonjour, sire.

La noble elfe tendit la main en souriant. Nox la prit sans se démonter mais le Seigneur Feu-Glacé les sépara agacé.

- Nox n’est pas un sire, il aime souvent à le rappeler d’ailleurs.

Nox ne se formalisa pas de l’insulte mais constata la pointe de déception dans le regard de Khartika. Elle était sans doute habituée à côtoyer de jeunes nobles. N’avait-elle jamais imaginé ne serais-ce que parler à un homme différent, inhabituel ? Nox déjà était avide d’en apprendre plus sur elle. Il tenta de capter son regard et y parvint visiblement. Les deux jeunes gens s’observaient, se demandant ce que pensait l’autre. Le temps repris sa course lorsque le Seigneur invita sa fille à attendre ailleurs. Khartika accepta avec une moue attendrissante de naturelle mais invita son père et Nox à la rejoindre dans le salon de thé une fois leurs affaires réglées. Nox accepta avec empressement au grand damne du Magus qui se plia pourtant à l’invitation.

Quelques heures plus tard, Nox et le Seigneur Feu-Glacé rejoignaient Khartika au fameux salon de thé. La jeune elfe s’était changée. Une robe plus simple mais qui la mettait en valeur tout de même. Nox se surpris à penser que quoique porte cette fille, elle resterait une vraie princesse. Etonné par cette pensée, il observa la pièce en s’asseyant sur les coussins qui serviraient de sièges autour de la table basse ronde. Si l’agacement de la pièce était tout aussi luxueux que le reste du palais, il était indéniable que cette pièce n’était pas faite pour impressionner de prime abord. Simples rideaux, quelques œuvres d’arts et surtout de la vaisselle fine et cette table basse ronde en bois précieux. Un narghilé froid traînait dans un coin et quelques meubles bas composés d’innombrables tiroirs et niches cachaient sans doutes thés, infusions et autres herbes consommables. Le parfum de la pièce était capiteux et tournait un peu al tête. Nox resta concentré malgré le coté entêtant de l’atmosphère. Une discussion banale s’engagea sur le passé de Nox, son passé de soldat. Rien ne filtra au sujet de la Phalange et Nox participait d’un air absent. Il ne s’occupait que de cette fille. Il avait remarqué des mains fines et avait par inadvertance constater leur douceur en prenant sa tasse que Khartika lui tendait. Elle avait sourit quand il s’était excusé. Aucun des deux n’était dupe du jeu de l’autre. Le Seigneur ne laissa pas « ce petit goûter » s’éterniser.

-Nox a sans doute d’autres choses à faire et nous n’allons pas le retenir plus longtemps, n’est-ce pas ?

Avant qu’aucun des deux jeunes gens n’ait le temps de répondre, il se levait et tendait la main à sa fille pour la relever. Impossible de discuter cette fois.


Quelques jours plus tard, dans sa chambre à l’Auberge de Lune-d’Argent, Nox hésitait entre lire et partir boire un coup. Il pensait à Khartika. Cela ne lui plaisait guère. La jeune fille l’intriguait bien trop à son goût. En la regardant froidement, il ne pouvait voir qu’une noble de plus, belle, sûre de son fait, elle semblait l’archétype de ce que Nox détestait mas la noblesse sin’dorei. Il n’imaginait pas de plus que cette fille puisse s’intéresser à lui pour autre chose qu’un jeu, une curiosité. Elle était du genre à aimer et fréquenter les beaux seigneurs bien faits et pas un obscur soldat à la limite de la roture. Il n’était pas son genre. Elle ne l’était pas non plus d’ailleurs. Lui aimait les filles simples capables de l’écouter parler toute une nuit sans se lasser, capable de se taire et de l’écouter délirer sur ses projets tous plus fous les uns que les autres, écouter ses rêves et les partager avec confiance. Il n’imaginait pas Khartika capable de faire la moitié de ces choses. Nox sourit en l’imaginant à ses cotés, la tête posée sur son torse et l’écoutant raconter sa dernière idée merveilleuse. Il laissa échapper un rire.

- Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?

Nox sursauta. Vêtue d’un justaucorps sombre en cuir, Khartika se tenait devant, dans sa chambre. Il bredouilla un « que faites-vous ici ? » qui n’eut pour réponse qu’un rire cristallin !